Géographe à la limite

Étude géographique des frontières en Amérique du Sud

 Une borne frontalière entre la Bolivie et le Brésil

Acre - Pando avril 2003

 

Thèse

Zone de Texte: Pour me contacter : laetitia.perrierbrusle@gmail.com

Les géographes sont sensibles aux discontinuités spatiales. Sans doute parce que les lieux de rupture sont riches d’enseignement sur la nature des ensembles qu’ils  dessinent. Les discontinuités sont caractéristiques de l’espace anthropisé. Elles sont multiples. Des coquilles de l’homme aux limites fluctuantes du système-monde, elles peuvent toutes se prêter à une limologie analytique.

             En Amérique du Sud, parmi ces multiples discontinuités, celles qui se fixent aux frontières juridiques des États retiennent encore plus l’attention des chercheurs. Elles sont liées à la construction d’un territoire national, conçu bien plus comme un projet en devenir que comme une projection dans l’espace d’un État nation - dont l’existence serait acquise. En l’absence de nation, les nouveaux États se sont, en quelque sorte, dotés de preuves de nation, au premier titre desquelles figure le territoire. Ce faisant,  le destin du pays et l’avènement de la nation ont été conditionnés par l’existence d’un territoire national immuable et approprié. Or, un tel territoire n’existe pas plus que la nation qui doit en procéder. Il faut le construire en réduisant les zones mystérieuses situées à la périphérie des pays. Cette construction est un processus historique qui renvoie, dans une dialectique obsédante, le front en mouvement,  à la frontière fixe. Front, caractéristique d’une représentation américaine du territoire en constante dilatation ; frontière, limite dans l’espace d’une nation forte de son identité et sûre de ses limites, le paradoxe américain des frontières tient à la coexistence dans le temps et dans l’espace de ces deux objets.

             C’est à propos de la frontière Bolivie-Brésil que j’ai tenté de dévoiler ce mécanisme.